Charmeuse à ses heures, elle improvisait parfois des danses du ventre pour nous séduire ou nous faire sourire... mais attention ! Si elle surprenait un éclat de rire, ses ondulations de bayadère ou ses bonds de cabri cessaient net, et je devais à grand renfort de"pouchy-mouny", apprivoiser et obtenir le pardon d'un fauve splendide qui me couvait d'un regard noir de rancune.

C'était une chatte ordinaire et magnifique, une Sacrée de Birmanie, qui nous aimait de toutes ses forces et qui n'avait jamais griffé de sa vie.

... Elle s'est endormie pour toujours, le 8 juillet 2003, sous la piqûre d'un vétérinaire, toute ronronnante sous mes doigts et mes lèvres, tandis qu'une jeune élève véto pleurait comme une petite fille. Cette saleté de cancer n'épargne ni les bêtes, ni les hommes.

Je m'en voudrai toute ma vie de n'avoir pas su la sauver.

 

Elle va dormir à la campagne, où elle est née, sous un cerisier...

Je pense que je vais la pleurer encore un bout de temps, celle que paraphrasant Colette, j"appelais souvent :"ma fiiiiiiiille..."

Parlerai-je encore le "pouchy-mouny"?

Je sais que nous allons rencontrer des gens pour nous trouver infantiles et plein de sensiblerie.

Je n'ai d'ores et déjà aucune envie de leur parler, de leur faire comprendre qu'il y a des vies infiniment douces et précieuses parce que dispensatrices de joies. Seulement des joies.

Quel être humain peut se targuer d'en faire autant, une fois l'enfance enfuie... ?

Isabelle.